Un monde à portée de main, Maylis de Kerangal
Le coup de cœur littéraire d’Alexis
Le coup de cœur littéraire de l’Union Saint-Jean revient en ce début d’année 2022. Pour ce retour, nous vous présentons Un monde à portée de main, un roman de Maylis de Kerangal choisi par Alexis.
Paru en 2018, l’ouvrage dépeint l’histoire de Paula Karst, jeune fille qui se lance dans des études de peinture et se découvre une véritable passion, jusque là insoupçonnée. Roman initiatique, parcours de vie, l’ouvrage s’attarde sur ce personnage qui traverse les décors et les amours-amitiés, des chevalets de Bruxelles aux roches millénaires de Lascaux.
Commencer le livre par sa quatrième de couverture
« Paula se souvient de la grande verrière de la rue du Métal, de la luminosité particulière de l’atelier et alors, Jonas apparaît, la gueule de Rembrandt, le regard clandestin, la peau d’iguane, la prunelle d’un noir bleuté, le blanc de l’oeil aux reflets de perle, les cernes de cendre. »
À vingt ans, Paula entre dans le prestigieux Institut de peinture de Bruxelles. Elle y apprend à copier les surfaces qui composent le monde, à donner l’illusion des matières vivantes. Les nuits blanches s’enchaînent, les sentiments tournoient. Des studios de cinéma de Cinecittà, à Rome, au fac-similé de la grotte de Lascaux, elle s’immerge dans le travail. Sous son pinceau, les images enchevêtrent le passé et le présent, le loin et le proche, la fiction et la vie. Si Paula veut comprendre le monde qu’elle peint, il lui faudra d’abord le saisir de ses mains.
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Pourriez-vous nous présenter rapidement votre coup de cœur du mois ?
Il s’agit du roman Un monde à portée de main de Maylis de Kerangal. Un ouvrage presque technique sur le monde de la peinture, où l’on suit une partie de la vie, de la jeunesse même, de Paula Karst, qui débute ses études de peinture à Bruxelles. Son entrée dans le monde étudiant ; son affranchissement de la vie d’avant, chez ses parents ; ses rencontres, amicales et amoureuses ; sa passion dévorante pour l’art, et pour ceux qui le pratique … On rentre dans l’intimité de ce personnage.
On la suit ensuite sur ses différents projets, en Russie, en Italie, à Lascaux. Tout au long du livre, elle apprend, comme on apprend chaque jour à vivre, et elle se perfectionne dans l’exécution des trompe-l’œil, jolie métaphore de nos histoires personnelles.
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Pourquoi avez-vous apprécié ce livre ?
J’ai une tendresse particulière pour les romans de Maylis de Kerangal, que j’ai découverte et rencontrée au lycée. J’aime la dimension qu’elle sait déployer dans chacun de ses textes, et le style qu’elle convoque pour nous décrire ses tableaux.
Comme pour Réparer les vivants, j’ai apprécié la précision des descriptions. On sent que l’autrice prépare son sujet, s’y intéresse et c’est ce qui lui permet de nous emmener sans retenue dans son univers. Tout le roman est construit en trompe-l’œil, à l’image de ce qu’apprend Paula. D’un art à un autre, on passe sans s’en rendre compte de la peinture à la littérature, dans une mise en abîme amenée par petites touches.
L’histoire en elle-même est assez simple, ordinaire, comme souvent, et c’est ce qui rend la narration crédible. Une forme de miroir de la société, dans lequel on aperçoit, si ce n’est son reflet, celui de la vie quotidienne que l’on partage tous.
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A qui recommanderiez-vous ce livre ?
A toutes les personnes qui aiment le réalisme en littérature, même si l’on flirte parfois avec l’onirisme. A toutes celles qui ont une appétence, de près ou de loin, pour l’art, pour la technique. C’est un livre où tout l’enjeu réside dans cette ligne de vie que l’on suit.
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Comment conseillerez-vous à nos lecteurs de lire ce livre ?
Le livre est écrit en trois parties, pour trois périodes, trois étapes, comme une progression. Je serai presque tenté de dire qu’il faut lire d’une traite chaque partie, pour s’imprégner de l’ambiance.
Mais toujours à tête reposée, pour profiter de chaque détail du décor que propose l’autrice, et des nombreuses références parsemées dans les pages.
Retrouvez notre dernier coup de cœur littéraire avec Amélie, qui présentait Les Chroniques du Crépusculaire, avec Mathieu Gaborit.