Matériel électronique : de la conception au réemploi

Déchets électroniques

Les appareils électroniques sont désormais présents dans tous les secteurs de notre vie. Dans nos cuisines, dans nos salons, dans nos voitures, et jusque dans nos poches. Selon l’ADEME, en 2019, ce sont près de 939 millions d’équipements électroniques et électriques qui ont été fabriqué et mis sur le marché, uniquement en France !

Si nombre de ces appareils nous sont devenus indispensables, certains ne relèvent pas d’une nécessité immédiate. Et au-delà de l’utilité de l’objet, il faut maintenant prendre en compte sa qualité et sa pérennité. A l’ère de l’obsolescence programmée, et de la surconsommation, nous produisons de plus en plus, utilisons de plus en plus, mais pas toujours pour les bonnes raisons.

A l’Union Saint-Jean, nous sommes partisans d’une approche plus modérée et écologique de la technologie et de l’électronique. Sans s’en passer, nous pensons que nous pouvons consommer différemment, de manière plus responsable. Entre low-tech, DIY et recyclage, nous proposons au travers de notre Motherlab de repenser notre rapport à l’électronique.

Composants électroniques

Une production accrue de matériel électronique … et de déchets

La production d’équipements électriques et électroniques pose un problème de pollution à deux niveaux majeurs. Lors de la fabrication d’abord, et lors du traitement après la fin de vie de l’appareil. L’objectif est donc de réduire notre impact environnemental au travers de ces deux aspects, qui sont intimement liés.

La pollution liée à la fabrication est due à l’extraction des minerais indispensables au bon fonctionnement de nos appareils : or, cuivre, argent, … Leur extraction est longue et difficile, nécessite une technologie de plus en plus perfectionnée. Elle induit donc un coût écologique de plus en plus élevé. Une fois les minerais récupérés, il faut encore les traiter pour pouvoir les exploiter dans nos équipements.

La pollution liée à la fin de vie des appareils est surtout due au mauvais traitement de ceux-ci. En France, on estime qu’un peu moins de 20% des équipements électriques et électroniques sont correctement dirigés vers des centres de gestion et de recyclage. Et il n’est pas toujours aisé de recycler entièrement et de façon optimale ces appareils, nous y reviendrons.

Ainsi, la production de matériel électronique ne cesse de croître, ce qui implique une augmentation conséquente des déchets. Au niveau mondial en 2021, les déchets d’équipements électroniques et électriques (DEEE) représentaient 57,4 millions de tonnes. Pour comparaison, c’est plus important que le poids de la Grande Muraille de Chine. Chaque année, ce poids augmente de 2 à 3 millions de tonnes. Depuis 2014, les DEEE ont ainsi augmenté de 21%.

En France, chaque personne produit en moyenne 14 à 24kg de DEEE annuellement. Ainsi, la filière française de collecte et de traitement des déchets électroniques et électriques en traite 600 000 tonnes, pour le seul secteur entrepreneurial.

Décharge de déchets électroniques

Récupérer et recycler les déchets électroniques

Il est impératif de trier correctement les déchets électroniques, pour pouvoir les récupérer et les traiter au mieux. Selon le Dr Ruediger Kuehr, directeur du programme Cycles durables (SCYCLE) de l’ONU : « Une tonne de téléphones portables mis au rebut est plus riche en or qu’une tonne de minerai d’or brut. […] Intégrés dans 1 million de téléphones portables, par exemple, se trouvent 24 kg d’or, 16 000 kg de cuivre, 350 kg d’argent et 14 kg de palladium, des ressources qui pourraient être récupérées et réintroduites dans le cycle de production. Et si nous ne parvenons pas à recycler ces matériaux, de nouvelles fournitures doivent être extraites, ce qui nuit à l’environnement. ».

Toutefois, il est de plus en plus difficile et coûteux de récupérer ces matériaux. En effet, l’évolution technologique nous permet de réaliser des composants de plus en plus petits et performants. L’extraction des minerais dans les appareils tend à devenir moins rentable et pratique que l’extraction dans les mines, au détriment de la cause environnementale.

Problème supplémentaire en ce qui concerne les entreprises : elles ont obligation de se débarrasser de leurs déchets électroniques et de ceux de leurs usagers via des éco-organismes chargés de la récolte, du tri et du traitement de ces déchets. Deux méthodes s’offrent alors : la collecte de déchets propres, destinés au réemploi et à la revalorisation ; la collecte massive via les déchetteries, où les appareils sont détruits pour être traités. La seconde est plus privilégiée, mais bien moins efficace. C’est le facteur économique qui joue ici à plein, comme l’explique Jean-Paul Raillard, Président du réseau et de la fédération Envie.

Difficile donc aujourd’hui de mettre en avant le recyclage. Tant que le modèle économique est plus favorable au rejet des déchets, et à l’exploitation de nouvelles matières, l’envie n’y sera pas.

Recyclage déchets électroniques

La troisième voie : réparer et donner une seconde vie à l’électronique

Pour pallier la demande croissante, il est nécessaire de produire davantage. Le recyclage permet de réduire l’impact environnemental en réutilisant les matériaux qui ont déjà servi. Mais il est utile de prendre du recul sur notre consommation. Comme nous l’avons évoqué, la surconsommation et le renouvellement rapide de nos appareils (ordinateurs, téléphones portables, …) sont des pratiques courantes. Or, les progrès technologiques n’imposent pas de renouveler en permanence notre parc technologique, et de démultiplier les appareils.

Réduire notre consommation d’appareils technologiques permet logiquement de réduire la production. Prolonger la durée de vie de nos appareils également. Ainsi, il est possible, la plupart du temps, de procéder à des réparations qui permettent de prolonger l’utilisation de ces appareils. Possible aussi de leur offrir une nouvelle vie, sans avoir besoin de passer par des manipulations coûteuses en temps et en énergie.

Comme pour beaucoup de domaines, les réparations ne sont pas toujours compliquées. Encore faut-il avoir un minimum de savoir-faire, et quelques connaissances pratiques. De plus en plus d’initiatives voient le jour pour accompagner chacun dans cette démarche de durabilité.

Notre Motherlab s’inscrit dans cette vision. Nos ateliers sont des séances d’apprentissage, de formation aux machines que nous proposons et aux savoir-faire techniques en matière de petit artisanat et d’électronique. Nos réalisations promeuvent la récupération, le recyclage et le Do It Yourself, justement pour permettre de produire par soi-même des appareils et objets fonctionnels et durables.

A terme, nous aimerions pouvoir organiser des sessions ouvertes pour que chacun puisse réaliser son projet en profitant des conseils et de l’accompagnement de tous les autres utilisateurs. Le Motherlab pourrait ainsi se transformer ponctuellement en un Repair Café, où la durabilité, la réparation et le surcyclage seraient les maîtres-mots. N’hésitez pas à nous faire part de vos idées et de vos envies !