La boîte à jouer : une initiative divertissante et écologique
S’amuser tout en prenant soin de la planète
Le temps de jeu est un temps extrêmement précieux pour les enfants : c’est un moment de sociabilisation, dédié à l’imaginaire et à l’échange. Dans les écoles comme dans les structures périscolaires, à l’instar de l’Union Saint-Jean, il est important d’aménager des espaces et des temps pour le divertissement des enfants.
On constate aujourd’hui au niveau national une réduction de ces moments, et en parallèle, une réduction des possibilités offertes pour jouer. La boite à jouer que nous proposons dans nos locaux et dans les écoles est une proposition ludique et écologique pour remettre le divertissement au cœur du bon développement des enfants. Cette initiative est également portée de son côté par le Centre d’Animation du Grand Parc, avec qui nous collaborons pour assurer une cohérence politique et de territoire à l’échelle de la ville. La Mairie de Bordeaux soutient enfin notre projet aussi bien financièrement que dans la mise en place de ces actions.
La boite à jouer a été expérimentée pour la première fois à l’école Vitruve de Paris XXe à l’initiative de Jouer pour Vivre.
Une boite à jouer, qu’est-ce que c’est ?
La boite à jouer, c’est un système tout simple basé sur la récupération : avoir à sa disposition tout un panel d’objets ludiques à destination des enfants. Mais pas n’importe quels jeux. L’objectif est de valoriser des pratiques inventives et respectueuses de l’environnement. Face au peu de solidité des jouets vendus en commerce, qui ne résistent pas longtemps à l’épreuve de la récréation, et à leur haut coût écologique, nous proposons au contraire de retrouver le plaisir de s’amuser avec ce qui nous tombe sous la main.
Ainsi, on retrouve dans nos boîtes à jouer objets issus de la récupération, non-genrés (pour permettre à toutes et à tous de s’amuser sans conflits d’intérêts, dans le partage), et dont les utilisations sont déclinables à l’infini, avec pour seule limite l’imagination des joueurs et joueuses.
Des objets du quotidien aux vieilleries retrouvées, en passant par des jeux inusables, tous issus de la récupération, nos enfants ont de quoi s’amuser chaque jour en découvrant de nouvelles activités.
Pourquoi recourir aux boites à jouer ?
Aujourd’hui, les espaces-temps de jeu libre pour les enfants ont drastiquement diminué. Selon le Centre national de Formation aux Métiers du Jeu et du Jouet, en l’espace d’une génération, l’espace de jeu libre a été réduit par 5, et le temps accordé à cette pratique a chuté à une heure par jour en moyenne. Par voie de conséquence, les enfants ont moins la possibilité de se défouler, d’imaginer, de prendre le temps d’être ensemble autour d’une même aventure.
Un phénomène qui s’explique par la réduction des moyens mis à leur disposition. Au fil des années, beaucoup de supports de jeu ont été supprimés ou n’ont pas été rénovés. En cause, la peur des accidents et donc des poursuites judiciaires. De la même manière, les éléments naturels sont de plus en plus inaccessibles pour les enfants, qui ne peuvent plus s’approcher des arbres, des branches, … toujours par peur d’un accident. Et la faible qualité des jouets du commerce qui se cassent facilement n’offre pas d’alternatives à ces suppressions.
In fine, ce sont les enfants qui en pâtissent. Si cela permet de diminuer du même coup les tensions autour des jeux, les enfants se retrouvent dépourvus d’un temps nécessaire à leur bon développement. On constate ainsi en parallèle un accroissement des troubles du comportement et de certaines pathologies, que l’on lie à ce phénomène.
Les boîtes à jouer permettent de pallier ce manque, en trouvant des solutions ludiques aux problèmes cités. La répartition genrée des cours de récréation s’efface au profit d’un partage de jeux non-genrés ; le foisonnement des objets permet à tout le monde de trouver de quoi s’occuper, et de quoi mettre son imagination en ébullition ; la diversité des objets permet d’en réinventer chaque jour l’utilisation ; …
Les bénéfices des boites à jouer
Il suffit donc d’un rien pour remplir sa boîte à jouer, et raviver la vivacité et l’amusement des enfants dans les cours de récréation. C’est ce que nous constatons à l’Union Saint-Jean et dans les écoles où le dispositif a été mis en place. Ce constat repose d’ailleurs sur plusieurs études menées auprès des écoles.
Selon l’anthropologue Julie Delalande, la cour représente un lieu essentiel pour les enfants : un endroit au sein duquel ils peuvent expérimenter. La recherche du risque zéro et la sécurisation omniprésente peut empêcher « l’organisation sociale » des enfants, alors qu’au contraire, il faut favoriser ces moments de divertissement et d’expérimentation « pour construire leurs relations, instaurer des habitudes de jeux et s’accorder sur les règles ludiques mais aussi sociales ». (La cour d’école. Un espace à conquérir par les enfants). Avec l’introduction des boites à jouer, Jouer pour Vivre constate que les enfants coopèrent, s’organisent et s’approprient de nouveaux espaces.
Ce dispositif est d’ailleurs tout aussi bénéfique pour les encadrants, qui, comme les enfants, voient leur bien-être physique et moral s’améliorer.
Enfin, ce projet permet de rentrer dans un processus de coéducation qui doit apparaître comme un levier majeur depuis la loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école et de la République.
La boîte à jouer apparaît ainsi comme un véritable projet fédérateur pour les enseignants, les agents, les atsems, les parents, les animateurs et les enfants, où chacun peut jouer un rôle actif, par un encadrement, des dons, du plaisir. Et il permet de sensibiliser à l’écologie, à la récupération, et à l’importance de la valorisation des déchets, qui ont bien le droit à une seconde vie !
La boîte à jouer présente ainsi beaucoup d’avantages, et a le mérite de plaire aux enfants. Alors, continuons à jouer !